Fièvre catharrale ovine : la vaccination avance à un rythme inégal
« On est plutôt confiant » : des brebis ont reçu leur injection lundi contre la fièvre catarrhale ovine dans une exploitation de Côte d'Or, où la campagne de vaccination contre l'épizootie semble « bien » partie, contrairement aux « retards » dénoncés dans d'autres départements.
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Article mis à jour à 12h48.
« J'ai commandé mes doses lundi » 12 août au premier jour de la campagne, « je les ai reçues en fin de semaine » : Julien Pané affiche un optimisme serein en poussant ses brebis vers la seringue du vétérinaire.
« On va avoir un taux de vaccination plus élevé qu'en Belgique. En théorie, on devrait mieux s'en sortir », ajoute l'éleveur, qui possède 450 brebis à Dampierre-en-Montagne, en Côte d'Or, et préside le Syndicat départemental des éleveurs ovins. « Nos syndiqués ont été plutôt surpris de la rapidité de réception des doses », poursuit-il lors d'une opération organisée pour la presse dans sa bergerie.
« Les vaccinations ont bien commencé », confirme le ministère de l'Agriculture, interrogé par l'AFP une semaine après le lancement de la campagne visant à contrer la propagation de la FCO, aussi appelée « maladie de la langue bleue ».
Soixante-trois foyers d'un nouveau type de FCO ont été confirmés en France selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé animale, publié le 16 août. La maladie, qui n'est pas transmissible à l'homme, s'accélère actuellement dans plusieurs pays, notamment les Pays-Bas.
Face à cette propagation, les autorités prévoient une vaccination « massive » : l'Etat veut distribuer gratuitement 6,4 millions de doses de vaccin, dont 1,1 million pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins dans les régions les plus à risques : Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté.
« Catastrophe de 2007 »
« Il n'y a pas de blocage. On reçoit les doses deux à trois jours après les commandes », assure David Roose, directeur départemental de la protection des populations en Côte d'Or, département frontalier de la Marne, où la maladie a récemment fait son apparition. « On est confiant de pouvoir vacciner une grande partie du cheptel en deux semaines », confie le responsable, présent lundi sur l'exploitation de Julien Pané. Mais, dans d'autres départements, des éleveurs se plaignent de lenteurs.
« La situation est grave. Et pourtant on n'a pas de nouvelles concernant les vaccins », regrette auprès de l'AFP Yohann Sommé, président de la Fédération des éleveurs de moutons ardennais (Fema) qui lui aussi avait passé commande le 12, en vain jusqu'ici. « Mes premières bêtes sont mortes de faim après dix jours de souffrance.
Aujourd'hui, 25 % de mes animaux sont malades », explique-t-il, en confiant avoir « l'impression de revivre la catastrophe de 2007 ». Cette année-là, « on avait perdu 20 % d'ovins et 15 % d'éleveurs », rappelle-t-il.
Selon le ministère de l'Agriculture, il y a « 24 à 72 heures » entre la commande et la livraison, mais dans les Hauts-de-France, « le délai est d'environ cinq, six jours », indique Simon Ammeux, président de la FRSEA, branche régionale du syndicat agricole FNSEA (majoritaire).
Un retard qui « crée un peu d'impatience, mais c'est juste une question d'un jour ou deux », relativise-t-il.
« Hétérogène »
Plusieurs éleveurs du Nord et du Pas-de-Calais ont affirmé à l'AFP que leurs vétérinaires, qui ont passé commande de vaccins dès le premier jour d'ouverture de la plateforme le 12 août, n'avaient pas été livrés une semaine plus tard.
Selon le ministère, la première commande de doses, soit 4,6 millions, est pourtant « livrée en totalité ». « Une seconde commande a été passée pour 1,8 million des doses dont les livraisons sont prévues en septembre », ajoute-t-il.
« Le caractère hétérogène peut venir des écarts de gestion des doses après livraisons », avance le ministère.
Le nouveau sérotype 3 de ce virus a été décelé pour la première fois en Europe en septembre 2023, aux Pays-Bas, avant d'être détecté en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni dans les mois suivants. De premiers cas ont été confirmés début août en France, au Luxembourg et au Danemark.
La fièvre catarrhale ovine se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux.
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